vendredi 26 septembre 2014

Cure de sébum - Nouvelles du front

11 Septembre 2014

En me levant aujourd'hui, je m'suis dit "Appellez-moi Loki, mes chéris". La classe intégrale, cette coupe avec les cheveux plaqués en arrière, qui bouclent sur la nuque.

Je pensais que cette journée serait difficile, et en fait non. Elle a filé sans que j'y pense... Je me suis attaché les cheveux, j'ai quitté ma piaule, je suis partie en mission avec les autres planctons... Bon, j'avais parfois un relent de cheveux sales porté par le vent, mais le psychique jouait pas mal pour le sentir.

Cette première semaine n'a pas été simple, je garde espoir que ça continue en s'améliorant. J'en ai assez de mes cheveux plaqués à mon crâne comme des moules sur un panier de crabes. Marre de sentir la truite. Demain, c'est décidé, je me passe la tête sous la douche.


Journal du Soldat Première classe Morue
12 Septembre 2014

J'aurais pas dû me passer les cheveux sous la douche. Mes cheveux sont plecks, poisseux, ils puent, une horreur. C'est dingue, moi qui pensais que l'eau allait les rincer un peu ! Mais une camarade de mission m'a dit qu'il valait mieux s'abstenir, parce que l'eau empêche le sébum d'arriver jusqu'aux pointes.


J'en ai ma claque de cette histoire. J'ai envie d'arrêter. Merde aux huiles, merde la cure, je veux avoir la tête propre ! Mais avoir fait tout ça pour rien, pas question... Non, je m'arrête pas. Mais des jours comme ceux-ci, c'est dur de tenir bon.

Le psychologique joue beaucoup dans l'affaire, je m'en rends compte. Quand je psychotte, je sens plus l'odeur de mes cheveux, je sens plus de gratouilles, plus fortes, j'ai la tête lourde. D'un autre côté, mon camarade de chambrée m'a dit qu'il fallait vraiment avoir le nez dessus pour se rendre compte qu'il y avait une fragrance chelou dans l'air. Même visuellement, les dégâts sont moins effrayants que je ne le pensais.

Je suis en mission toute la journée. Dur dur de tenir, avec le boulot qui s'enchaîne, des visites à faire, des gens à voir, des documents à analyser pour mieux niquer l'ennemi... Mais quand tu vois un collègue sur la corde raide, tu réfléchis pas. Tu agis.
Du coup, j'ai passé une nuit presque blanche, à discuter et discuter. De la guerre, de la solitude, du sentiment d'impuissance lorsque tu te rends compte que t'es seul dans ta tranchée, face à l'incertitude... Dans ces moments-là, tu prends une bouteille, deux ou trois, tu t'assieds, tu réfléchis, tu discutes. Tu penses pas à tenir un foutu journal.

Journal du Soldat Première classe Morue
13 Septembre 2014

Le réveil a sonné, mais je l'ai pas entendu. Après des journées comme hier, y'a des choses qui changent...

Je suis rentrée de mission fort tard. En fait, j'ai regagné ma casemate vers 13h aujourd'hui. J'avais pas prévu ça, du coup, pour me brosser, quéquette pépette. J'ai passé la journée, la soirée, la nuit avec mes cheveux tout pourris. T'imagines pas mon bonheur quand j'ai remis la main sur mes outils.

J'ai même pas eu envie de me passer la tête sous la douche. Mon collègue de lit me l'a confirmé ; toujours pas d'odeur (sauf en ayant le nez dessus), un visuel pas trop dégueu.

Une voix m'a soufflé de laver mon matos avec du savon noir. Ça a marché du tonnerre ! J'ai enfin trouvé comment prendre soin de mes outils au quotidien, et c'est une bonne nouvelle. Surtout en voyant l'état de la brosse ! Après un jour et demi sans brossage, les poils de cochon étaient remplis de paquets gris, de poussière, de cheveux, et le tout qui colle et plekke. J'ai jamais vu ça avant. Ça confirme que les brossages quotidiens sont une nécessité.

Aujourd'hui, mon mental est plus fort. Je me sens d'attaque pour les jours suivants. Reste à voir ce que l'avenir me réserve question gras et crasse. Mais j'ai enfin compris comment louvoyer dans les tranchées du front. Être en première ligne, ça stresse. Mais quand tu connais enfin le terrain, tout change.

Je sais comment laver mon matos régulièrement, et comment le nettoyer en profondeur. Je sais que l'eau est mon ennemie, contrairement aux apparences. Je suis armée. Je suis blindée. Viens-zy, gras de mes deux !

Journal du Soldat Première classe Morue
14 Septembre 2014

On est dimanche et ça fait 10 jours. Je les ai vus passer, pétard. Rester à la caserne fait un bien fou, même si c'est mieux d'attacher mes tifs histoire de ne pas foutre des traînées de gras partout. Journée de repos, ça fait du bien.


Le bilan jusqu'ici est positif, toujours : pas de gratouilles, de vagues odeurs qui s'en vont vite - bon, elles reviennent par moment, mais rien de grave, et puis faut vraiment avoir le nez près des racines pour la sentir.

Mes cheveux sont toujours gras, de plus en plus. Les pointes se recouvrent, petit à petit. Ma brosse devient de plus en plus vite crade. Je continue à trouver des amas gris dans mes peignes. Ouais, pellicules de gras, poussières... C'est tellement glamour que je vais bientôt en chier des arc-en-ciel. Au temps pour ma flemme légendaire, je n'échapperai pas au double nettoyage. Mais franchement, bien coiffés en arrière, avec un chignon ou une épingle à cheveux, ça passe nickel. Tant mieux. Les boulots qu'on me refile sont toujours des trucs où je dois gérer du monde, assister, accompagner, faire des conseils de guerre... Ça passe comme une lettre à la poste.

Le moral est bon aujourd'hui. Il est bon tous les dimanches, tu vas me dire. Hah. Ouais, on peut dire ça. Heureusement pour moi, je suis de corvée turbin que 4 jours par semaine, du coup mes dimanches durent 3 jours. Autant de temps où je ne dois pas trop penser à ma gueule, cachée dans ma piaule. Ça m'arrange assez.


Journal du Soldat Première classe Morue
15 Septembre 2014

Encore un début de semaine. Je suis un peu plombée par le fait de passer sous la douche sans toucher à mes cheveux. Mine de rien, ces gestes sont tellement ancrés en nous que s'en défaire est une gageure... Ça me mine le moral l'air de rien. Y'a des hauts, des bas. 


Je commence à avoir la flemme. Je me brosse les cheveux juste une fois par jour. C'est mal, je sais. Mais quand je suis pas en service, je n'ai pas vraiment envie de faire des efforts. Et puis, nettoyer deux brosses deux fois par jour (ouais, mon colloc s'est mis à la brosse de cochon depuis) ça me gave j'avoue.

Bon, d'un autre côté, les effets du brossage unique ne sont pas si désastreuses ; le sébum s'étale moins, les pointes redeviennent comme sèches. Pour moi, le principal est de tenir l'objectif temps. J'ai jusqu'au 4 octobre à chier des caisses de lait. Après, les huiles me lâcheront la grappe. J'attends que le temps passe.


Journal du Soldat Première classe Morue
16 Septembre 2014

Rien de neuf. Mon dernier dimanche de la semaine. J'en profite pour penser à autre chose, à laisser mes cheveux lâchés. Ça fait du bien de penser à autre chose qu'à du gras solidifié dans ma tignasse. Parce que, ouais... Je suis moins ordonnée que mes supérieurs le pensaient. Du coup, il m'arrive de retrouver des amas grisâtres dans mes peignes. La classe totale. Sans compter le sébum (ou la poussière ?) qui s'agglutine en petit gravier. Ça fait pas grand chose, en soi, à part chatouiller le crâne. Mais au final, c'est pas bien grave.

Bon, allez, je ferai un effort de nettoyage et d'assiduité. C'est quand même pas sérieux pour une mission de cette importance.


Journal du Soldat Première classe Morue
17 Septembre 2014

Routine, routine... Pas grand chose à dire.



Journal du Soldat Première classe Morue
18 Septembre 2014

Je ne suis qu'une fichue dinde... J'ai bêtement laissé tremper mon peigne en corne toute la nuit dans de l'eau savonneuse et du bicarbonate de soude pour nettoyer mes outils... Résultat : il a gondolé. Pourtant, je le sentais qu'une petite voix me disait que c'était pas une bonne idée...


Le propre du combattant, c'est de suivre son instinct. A force d'y rester, j'ai oublié que la Ligne de Front est un endroit sans foi ni loi, où chacun peut tomber n'importe quand... Dire que je me disais presque être en vacances. Mon peigne est là pour me le rappeler : il n'y aura pas de quartier.

Du coup, je recommence à prendre soin de ma gueule de manière plus régulière. Mes cheveux sont à nouveaux gras jusqu'aux pointes. Züper. Bon, au moins, y'a pas eu de dégâts non rattrapables durant cette phase de flemme aiguë.  On continue doucement. Je tiens la distance. Je crèverai pas ici. J'y arriverai. Ils vont voir, tous, si une Morue est pas capable de faire une mission de type TIPH. Non mais. Ils vont voir.

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