Bon. J’ai décidé de me fendre d’un article pour parler du groupe "Super Straight", vu que visiblement y'a des gens proches de mes sphères qui comprennent pas où est le problème et/ou sont intuitivement mal à l’aise mais peinent à mettre des mots sur leur ressenti.
Note aux personnes averties, je m’adresse ici à un public que j’estime mal/peu/pas informé sur la transidentité, donc y’a des trucs abordés qui seront ras des pâquerettes ou très simplifiés.
CW : transphobie, transmisogynie, sexisme, biphobie, bodyshaming, antisémitisme, mention de violences, de suicide, de sexe
Je vais essayer d'être exhaustif par rapport à ce que j'ai vu passer, mais y'a pas mal de matière et de trucs à aborder. Si tu comprends pas un truc Poiscaille, Google sera là pour t’aider. Et prends du thé, ça va être long.
La transidentité c’est quoi ?
Avant d'aborder le ""concept"" SuperStraight, il faut comprendre ce qu'est la transidentité, vite fait.
Contrairement aux personnes cisgenres, les personnes transgenres (attention, ‘transgenre’ est un adjectif, pas un nom !) considèrent être nées dans un mauvais corps, ou ont une identité de genre ne correspondant pas à celle qu’on leur a imposée à la naissance. Une personne transgenre a donc une identité de genre, comme le genre féminin par exemple (la personne se sent femme), qui ne correspond potentiellement pas à son sexe (un pénis au hasard). Cette personne trans n'est donc pas dans ce cas "un homme qui devient femme", mais "une personne qui se révèle être une femme".
Dans notre société, il n'y a que 2 genres (re)connus, à savoir homme/femme. Mais il existe plein de genres ressentis qui sortent de cette vision binaire. On appelle ces personnes trans non-binaires coucou, moi c’est Max. La transidentité est donc multiple et recueille en son sein pléthore de genres, qui ont été théorisés et classés par les personnes concernées.
La transition, ce passage obligatoire ?
Certaines personnes estiment que, si tu n’entames pas une transition médicale et/ou sociale, tu n’es pas trans. C’est bien gentil mais ce raisonnement est bancal (pour rester poli) et oppressif a tellement de niveaux que ça peut devenir indécent.
Parce que déjà, toutes les personnes trans ne peuvent pas subir des opérations chirurgicales. On peut ne pas en avoir envie, avoir des handicaps ou une situation médicale rendant cela impossible, on peut ne pas supporter les hormones, on peut être mineur-e, on peut être trop pauvre, avoir une santé mentale fragile, avoir un environnement toxique, etc. On peut aussi avoir un genre sortant de la norme binaire, et passer par la case opération ne fait aucun sens pour soi. Tu connais des opérations pour "devenir" genre-doute ? Moi pas.
A côté de ça, il y a la transition dite sociale (en gros, on touche pas au corps mais on change de prénom ou pronoms par exemple). Et des personnes trans n’ayant pas envie, ou ne pouvant pas le faire, ça existe aussi ! Parce que l’entourage est toxique, parce qu’on est mineur-e, parce qu’on a pas envie de se manger la transphobie, parce qu’on a peur de perdre des proches, des ami-es, un boulot, parce qu’on vit dans l’illégalité, parce qu’on est bien comme on est, etc. Peu importe les raisons, elles sont légitimes.
On a donc une tripotée de gens qui se baladent dans la nature et qui sont trans sans que ce soit évident visuellement. Tu en as déjà croisé dans ta vie Poiscaille, sans le savoir. Tout simplement parce que c’est pas noté sur notre front. Parce que y’a des personnes trans qui ont un cispassing parfait coucou bis. Dans tous les cas, pour savoir s’iels sont trans ou non à coup sûr, il faut… le leur demander. Parce que si tu te contentes de chercher ce qu’iels ont dans leur culotte, rien ne garantit d’avoir des surprises au bout du compte, parce que plot twist, le genre n'est ni sur nos fronts, ni ne dépend de nos organes génitaux.
Bien malin qui devinera son genre #ThisPersonDoesntExist |
Il devient donc évident que les SuperStraight ne sont pas à même de déterminer à vue de nez qui est trans ou non, et donc d’affirmer qu’iels ne sont pas attirés par ‘les trans’. Au contraire, cette sexualité ne repose sur rien de concret. Ça ne fait que révéler leur peur viscérale de caresser au dépourvu une bite, et donc trahit leurs biais transphobes essentialistes reposant sur l’idée qu’un pénis est d’office 'masculin' et une vulve d’office 'féminine', parce que la natur-Anh.
La sexualitay et le genre
Bah oui ce sont deux choses différentes. ‘Trans’ n’est pas une orientation sexuelle, mais une identité de genre. Tout comme Lesbienne, Gay ou Bi sont des sexualités, et pas des identités de genre ou des traits de personnalité. On peut donc être trans (genre) ET lesbienne (sexualité). Trans ET homo. Trans ET hétéro. Trans ET asexuel-le. Etc. Être Trans (genre) ET trans (sexualité), ça n’a dès lors aucun sens. Par corollaire, être X sexualité MAIS pas attiré-e par les personnes trans, c’est donc également absurde.
Le genre est enfin en grande partie une construction sociale, PAS un truc ayant des causes biologiques. C’est pas moi qui le dit mais des chercheureuses en sciences sérieuses oui oui, ainsi que les féministes. Donc, dire que tu es 'né-e SuperStraight', c’est faux. Dans la même veine, dire que « Si tu dis que t’es hétéro c’est homophobe » c’est toujours pas un argument pertinent. Parce que la sexualité aussi est construite, façonnée par notre société hétéronormée. C’est ce qu’on appelle l’hétéronormativité, la contrainte de l'hétérosexualité et la cisnormativité (et Google est toujours ton ami, j’ai la flemme).
La licorne du genre, outil mis au point par des personnes concernées |
SuperStraight, qu’est-ce que le fuck ?
Le groupe SuperStraight a été lancé par un mec sur Tiktok, où il se plaignait qu’il en avait marre que des gens lui disent qu’il était transphobe parce que ne voulant pas relationner avec des personnes trans. La vidéo, supprimée depuis, a été récupérée et affichée un peu partout. De là, des gens ont emboité le pas du Tiktokeur, se disant SuperStraight également, et revendiquant cela comme une ‘nouvelle sexualité’.
Était-ce à l’origine une ‘blague’ pour ‘trigger les LGBT’ ? Était-ce un hasard que les couleurs du drapeau soient les mêmes que celles de pornhub ? En tout cas force est de constater que des gens s’en revendiquent dorénavant de manière sérieuse.
Entre les 'blagues', le "concept" séduit mine de rien |
En somme, libre à toi de continuer à te dire ‘SS mais pas facho’ (y’a des trucs ça s’invente pas j’te jure), mais tu risques de te manger des remarques de la part de personnes antiracistes en plus des personnes trans. Pour quelqu’un qui pleurait qu’il en avait marre qu’on le montre du doigt c’est.. cocasse.
Par la suite toutefois, des gens faisant partie de la communauté LGBTQIA+ ont applaudi l’émergence de ce truc, en mode "Moi chuis GAY et je soutiens les SuperStraight !!1". Evidemment, les SS en ont fait leur beurre : "T’as vu iel est LGBT et dit que j’ai trop raison !!1". D’autres ont été encore plus loin, en proposant l’existence de SuperGays, SuperBi-es et SuperLesbiennes.
Poiscaille. Soyons sérieuxses.
Être gay, lesbienne, bi, ou même trans, ne veut pas dire qu’on ne peut pas être transphobe, ou penser ou faire des trucs transphobes. Si c’était vraiment le cas, toutes les femmes seraient féministes et se revendiqueraient comme telles. Marguerite Stern et tout le mouvement TERF n’existerait pas. Frigide Bargeot n’aurait jamais été figure de proue de la Manif Pour Tous. Etc.
Le gars arrive à dénoncer la 'bigoterie' des gens dénonçant les SS, mais veut revenir aux 'bonnes valeurs' de notre ancien temps. On nage en pleine dissonance. |
Là, on tombe dans le ‘Trans Trap’, comme quoi les femmes trans ‘cacheraient’ qu’elles sont trans, que sortir avec qqun se disant femme et ayant un pénis est un mensonge, une omission, une honte. Que ces personnes, en fait, ne sont pas de vraies femmes. Bienvenue dans la transmisogynie teintée d’homophobie.
Bodyshaming, sexisme, l’attirance à l’apparence
Mais y’a d’autres choses qui se cachent derrière cette pensée. Le bodyshaming en est une. Car oui, si tu estimes que tu peux pas être attiré-e par une personne n’ayant pas suffisamment l’air d’une femme à tes yeux, peu importe qu’elle soit trans ou non, tu donnes le message suivant : Femme, tu DOIS ressembler à ÇA.
On a vu des femmes cis sportives de haut niveau insultées parce qu’elles ne ressemblaient pas à des ‘femmes normales’. Il est commun de se foutre de la balle des femmes au look dit camionneuse. En gros, les femmes (et les hommes) sortant des canons de beauté vendus partout ne sont pas ‘baisables’, pas des 'vraies', peu importe ce qu’elles ont dans le slip. Paye ton romantisme.
Et que dire encore des femmes cis qui n’ont pas/plus d’utérus ou de seins, suite à un cancer ou un gène particulier, par exemple ? Parce qu’on en est à ce niveau de réflexion hein. Etant donné que les SS se targuent de reconnaître une personne trans rien qu’à la voir, il est raisonnable de se poser la question.
Alors, certes, tout le monde a des préférences, est attiré par tel ou tel physique. Mais on parle d’habitude du physique dans son entièreté. Assumer une sexualité basée sur une préférence est au mieux fétichiste, au pire discriminant. Les gens tripant sur des pieds pourraient alors se dire Piedsexuel-les, ce qui est niais autant qu'illusoire.
On le voit en prenant des exemples similaires, bâtir une sexualité sur la présence ou l’absence de certains organes génitaux est étrange, voire abscons, parce que cela veut dire que, tant que tu les a pas vus, tu n’es du coup attiré-e par… personne.
Sans compter que, je le répète, être trans c’est souvent invisible. Je sais, je me répète mais c’est important de le comprendre : toutes les personnes trans ne peuvent ou ne veulent pas entamer une transition tangible. Se focaliser sur celleux d’entre nous qui ont un pénis, c’est donc transphobe par essence, mais surtout transmisogyne et homophobe, parce que ça vise ouvertement les femmes trans.
Etiquettes et politique
Note : la suite de l’article est dédiée à celleux qui se revendiquent SuperStraight. Parce que ça m’énerve et que j’ai décidé d’arrêter de m’obliger à écrire de manière pédago et sympa.
Un compte SuperStraight sur Twitter, faisant de la propagande transphobe |
Pour comprendre à quel point cette récupération est ignoble, il faut comprendre pourquoi les personnes LGBTQIA+ militent, et contre quoi les personnes trans en particulier se battent.
Être trans en Belgique (dans les 10 pays classés comme les plus sûrs au monde pour les personnes trans) en 2021 c’est :
- Pouvoir changer officiellement de prénom et/ou de sexe sur ses papiers d’identité « facilement » depuis 2007 seulement
- Ne plus devoir prouver sa stérilité pour changer ses papiers d’identité depuis 2017 seulement
- Si tu es mineur-e et veut changer de sexe actuellement, tu dois avoir 16 ans et obtenir l’attestation d’un pédopsychiatre, avec l’accord de tes parents ou représentant-es légaux (et si t’en as pas fuck you)
- Décider de rester au placard et en souffrir probablement, ou te révéler et te manger la transphobie ambiante h24
- Risquer d’être discriminé à l’école ou au boulot, voire d’être viré à cause de ta transidentité
- Risquer de te faire mettre à la porte de chez toi, ou de te voir refuser une location à cause de ta transidentité
- Risquer de perdre des ami-es ou de la famille à cause de ta transidentité
- Risquer de te voir refuser la garde de tes propres enfants par l’autre parent et/ou par la justice à cause de ta transidentité
- Risquer de vivre à la rue, parfois avant 18 ans, à cause de ta transidentité
- Risquer de devoir te lancer dans une prostitution forcée parce que t’as pas de quoi bouffer à cause de ta transidentité
- Voir qu’être LGBTQIA+, c’est PIRE ailleurs
Mais il y a aussi la dysphorie de genre, se manger les 'blagues', les discriminations diverses comme un accès difficile aux toilettes ou aux vestiaires, la méfiance, les moqueries, le refus de t’appeler par le bon prénom, le refus d’utiliser tes pronoms choisis, les accusations de folie ou de perversité sexuelle, le harcèlement, la solitude, la dépression, les internements forcés en HP, la précarité, le suicide, les passages à tabac, les viols… quand ce n’est pas simplement être en danger de mort, parce que des connards pensent qu’ils ont le droit de nous buter. Liste loin d’être exhaustive.
Et toi, toi le petit cis SuperStraight, avec un super devant histoire de montrer que t’es supérieur, qui n’as jamais dû t’interroger sur ton genre, jamais dû te sentir inconfortable face à des actes ou paroles discriminants par rapport à ton genre, jamais voulu changer de prénom ou de sexe sur tes papiers d'identité, jamais rien perdu simplement parce que tu veux être toi-même, TOI, tu veux 'faire partie de la commu' ??
Mais tu crois que c’est quoi, la Pride, un foutu cortège de Carnaval ? De jolis drapeaux dans le vent, un amour immodéré pour les paillettes et les licornes, et du cul avec n’importe qui ?
Parce que nous, de notre côté, on affiche qui on est pour être reconnu-es comme des êtres humains, pour avoir des droits comme les tiens, pour ne plus avoir peur en rue, pour pouvoir vivre plutôt que survivre. Et c’est pareil pour toutes les lettres hein, les Gays, Bi-es, Lesbiennes, personnes Trans, Queer, Intersexuées, Aromantiques et Asexuelles ; si on dit qu’il s’agit de minorités opprimées c’est pas juste pour faire pleurer dans les chaumières ou te faire complexer de pas en faire partie.
Je connais des gens qui ont eu et ont encore des vies de misère, simplement pour qui elles sont, et qui ont tout de même courageusement entamé une transition vitale alors qu’elles savaient qu’elles allaient en chier encore plus ; d’autres en sont mortes, parfois sous les coups et le harcèlement de leurs proches, mais c’est NOUS les Snow flakes fragiles ??
Alors que toi, toi qui n’as jamais perdu un boulot, un toit, tes enfants, risqué des coups à cause de ton genre, tu chouines sur 10 commentaires avec morgue et mépris parce qu’on a un jour choppé ta veste et souligné ton indécence ?? Pire encore, tu ris quand on partage notre douleur et notre angoisse ?? Tu ne fais et dis RIEN lorsque ces moqueries se passent sous tes yeux, en public ?? Et tu OSES te prétendre un allié bienveillant ???
Alors tu m’excuseras (ou pas, j’en ai un peu rien à foutre en fait à ce stade, parce que niveau ordure c'est trop high level), mais s’il suffit de te dire que tu penses des trucs transphobes pour t’écorcher l’égo, si la lecture seule de ce billet te fout en boule, si tu ne vois pas la différence entre l'humour et la moquerie alors que tu parles des gens comme moi comme des pétard de chaises ou d'hélicoptères (genre non vraiment c'est tellement drôle c'est la 20ème fois seulement aujourd'hui), s’il en faut si peu pour t’ébranler que tu te réfugies dans la cruauté la plus odieuse, va falloir penser à t’enfermer chez toi et à y rester sans Internet. Parce que la vie ne fait de cadeau à personne, mais elle en fait encore moins aux personnes subissant une réelle oppression.
Cisphobie, transphobie, pas le même combat
Les personnes cis et trans ne jouent pas dans la même cour. Nos droits ne sont pas les mêmes. Ni dans nos lois, ni dans la tête des gens. On est pas égaux. Tu peux décider d’occulter ce fait et prendre ta place parmi nos tortionnaires, ou de l’accepter et de nous soutenir avec respect. Avoir des privilèges, c’est pas une tare de naissance. Ce qui importe, c’est ce que tu en fais. Te revendiquer SS et clamer ta bienveillance envers nous, c’est du foutage de gueule agrémenté d’auto-flatterie égoïste, veule et ignorante.
La cisphobie et l’hétérophobie sont les arguments des gens ne voulant pas voir la réalité de nos vécus, de notre oppression, de nos souffrances, de nos morts. Quand on se sent comme une merde, de fait c’est pas facile de s’entendre dire qu’on a la vie plus légère que d’autres. Mais par lâcheté devant l’échec de voir bien en face leurs médiocres avantages, les gens transphobes décident de nous rabaisser plus encore en invisibilisant et renforçant notre position subalterne au sein de notre société, afin de mettre en avant sans honte leur 'détresse' à l’idée de jouer à touche-pipi à l’aveuglette dans la cour des grands.
L’hétérophobie n’existe pas, au même titre que la cisphobie n’existe pas, tout simplement parce qu’il n’y a aucune oppression visant les gens cishet. La société a été bâtie par les cishet, pour les cishet, dans leurs intérêts. Les personnes cis hétéro ne seront jamais, JAMAIS, discriminées, stérilisées, torturées, battues, assassinées de manière systémique parce que cis hétéro.
Propos classiques d'un mec n'ayant jamais été discriminé pour son sexe ou son genre, mais qui se croit très pertinent. |
Les cishet n’ont pas besoin de justifier leur existence, parce qu’elle est considérée comme normale.
Iels n’ont pas besoin d’'afficher leur sexualité', avec ou sans pudeur, parce qu’elle est considérée comme allant de soi.
Iels n’ont pas besoin d’être 'reconnu-es dans leur sexualité', parce qu’elle n’est jamais invisible ou invalidée.
Iels n’ont jamais lu ou entendu que leur genre ou leur sexualité est un phénomène de mode, une passade, un truc inintéressant.
Iels n’ont jamais été confrontés à des gens qui les prennent de haut en parlant des 'élus LGBT', mots indignes puant l’antisémitisme et dénaturés pour taper sur les personnes trans, alors que nous savons, NOUS, que c’est l’inverse.
Personne d’entre nous ne s’est dit un jour « Oh tiens si j’étais trans histoire de me sentir intouchable, ou pour que les gens me tapent dessus gratuitement ? ».
Non, on se demande plutôt « Est-ce bien raisonnable de sortir de mon placard vu les tombereaux de merde qui m’attendent ? ».
On est trans, pas maso ou sacro-saint, merci bien !
Placard un jour, penderie toujours
Car oui, le SuperStraight mouve, c’est aussi faire comprendre aux personnes trans que leur place est au placard. Afficher cette merde, c’est faire passer le message qu’elles ne sont pas les bienvenues à ton contact (elles pourraient te draguer si elles sont gays, bi-es ou hétéro t’imagines ? Mais ton pote cis homo, lui y’a pas de souci lulz cherche l'erreur).
Revendiquer l’identité ‘SS mais pas facho’, c’est blesser autour de toi des personnes à ton insu, et qui savent qu’elles ne pourront jamais se confier à toi sur ce sujet intime de manière sereine. Ce faisant, tu les condamnes à la solitude, tu les forces à rester incognito. Par cet acte, tu réitères une rengaine qu’on a toustes entendues : n’existez pas, vous êtes malades, je veux pas vous voir, je crains de faire du sexe avec vous.
Mais c’est aussi renforcer leurs craintes à elles et leur vulnérabilité. Car des gens qui tuent quelqu’un d’autre à cause de leur genre et/ou de leur sexualité, pour nous c’est une peur réelle, pas un fantasme. Mises en danger, elles ne viendront pas vers toi pour demander de l’aide, au contraire. Parce qu'il sera évident pour elles que tu n’es pas quelqu’un de bienveillant et de respectueux, droit dans tes bottes et empreint de décence à leur égard, quelle que soit la situation.
Y’a pas de manière 'gentille' de dire que tu veux pas relationner avec des personnes trans. Parce que derrière le sourire et le miel que tu mettras dans tes paroles, on sentira toujours le relent nauséabond d’une transphobie mal comprise et mal assumée.
Si tu persistes à penser après tout ça que le summum de l’horreur est de lécher la pomme d’une personne pourvue d’une bite sans que tu le saches, si tu penses que tes 2 potes opérés sont suffisants pour pouvoir décider de ce qui est transphobe ou non, si t’es pas LGBTQIA+ mais que tu estimes avoir un avis pertinent re lulz, si tu penses que le SuperStraight mouve reste une bonne idée mais qu’il faut 'polir les angles' pour le défaire de ses casseroles survenues après même pas une semaine d’existence, grand bien te fasse. Juste tu es transphobe, va falloir dealer avec ça.
Et comme l’a dit quelqu’un de sensé : tu peux être con dans ta tête, pas de problème. Mais tu n'es pas obligé de l’afficher en mode gommette de maternelle.
Pour aller plus loin
La notion de victime dans un contexte d’oppression systémiqueTRANS LEGALMAPPING REPORTilga.orgRecognition before the law. 2019.
Allié·e·s cis vs transphobes : quand et comment intervenir ?